Au randonneur ambitieux
"L'Univers est infiniment vaste -
sauf peut-être dans les coins."
Hubert Lesélène
"L'Univers est infiniment vaste -
sauf peut-être dans les coins."
Hubert Lesélène
Cet article en deux volets (pour le moment) a pour but de montrer l'incroyable vivacité de cetains cactus, et leurs ressources prodigieuses lorsqu'on les croit sur le point de disparaître. Leur ennemi juré étant les longues périodes de pluie inconnues dans leur domaine d'origine - et bien présentes chez nous -, on veillera à les en protéger dès qu'on note la moindre faiblesse, bien qu'il soit souvent trop tard pour les sauver. Ce qui fut possible dans le cas présent.
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2/2 Sauvetage de deux cactus par bouturage
Suite aux pluies excessives de l'été 2021, ajoutées probablement à l'arrosage de trop au mauvais moment, ces deux cactus ont subi un début de pourrissement, repéré à leur couleur marron vaguement translucide et leurs tissus devenus mous sous la pression du doigt.
La tentative de sauvetage consiste à :
- Trancher immédiatement le cactus au-dessus du pot
- Découper le reste de la plante en rondelles de 15 à 20 mm. d'épaisseur et repérer haut et bas. Conserver évidemment l'extrémité si elle n'est pas atteinte.
- Laisser le tout sécher à l'abri de la pluie, la partie restée en pot en plein soleil, les rondelles à l'ombre 6 à 10 jours, de préférence à l'intérieur (limaces et escargots raffolent des cactus sans aiguillons...)
- Déposer rondelles et extrémité n'ayant pas pourri sur du substrat en veillant au sens haut et bas et arroser abondamment.
- N'arroser la partie du sujet restée en pot que s'il devait y avoir reprise (habituellement les chances sont minimes, mais...)
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Ci-dessous : les deux cactus concernés
Echinocereus roetteri
Echinocereus metornii
Deux images suivantes : les éléments conservés. Ceux présentant des traces trop importantes de pourriture ont été éliminés, d'autres l'ont été à terme. (02/08/2021)
Traces indiscutables de reprise pour l'Echinocereus roetteri (25/08/2021 soit 23 jours après). Noter que l'aspect de la partie basse de la plante ne laissait rien présager de bon.
Pas de taces de reprise - ni de pourrissement - pour les boutures demeurées saines
Traces identiques pour l'Echinocereus metornii (30/08/2021, soit 28 jours après). Noter la triste couleur de l'épiderme en pleine période de croissance.
Venue de l'intérieur des tissus, la pousse déchire l'épiderme. Peut-être peut-on "s'autoriser à penser" que les racines ont pourri (celles-ci disparaissent toujours en premier), et que le fragile souffle de vie a éclos sur des restes de tissus sains - qui peut-être génèreront de nouvelles racines...
Image prise 24 h après la précedente
Pour cette plante, seule la bouture d'extrémité a pu être conservée, les autres ayant pourri sous quelques jours. Des espoirs de racines vu la couleur de l'épiderme.
À suivre...
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PRODIGIEUX CACTUS 1/2 : Echinopsis subdenudata : increvable ?
(Clic /)
JCP
La reproduction des cactus, en jardin ou en pot, se fait de trois manières :
- Le semis de graines prélevées dans les fruits : très délicat et exigeant la maîtrise de nombreux critères. À utiliser si l'on désire obtenir de nombreux exemplaires, sachant que l'échec peut être total dès le moindre relâchement de la surveillance hygrométrie-température-ensoleillement/lumière artificielle. Pourriture foudroyante ou déssèchement sont les sanctions imparables.
- Par prélèvement de rejets (si le sujet en produit). Cette manière, la plus facile, permet d'obtenir des sujets de taille déjà intéressante fleurissant rapidement. Sauf erreur grossière, le succès de racinement est quasi-total. On laisse sécher le rejet quelques jours à l'ombre avant de le repiquer. Certains ont parfois même des racines (ci-dessous).
- Par bouturage classique. C'est l'objet de cet article. Rappelons que, contrairement aux autres plantes, la surface qui sera mise en contact avec la terre doit sécher pendant plusieurs jours à l'ombre avant la mise en place. La bouture est posée et non enterrée (des baguettes de maintien peuvent s'évérer nécessaires).
HISTORIQUE DE L'EXPÉRIENCE réalisée sur un Echinocereus triglochidiatus, cactus de montagne (jusqu'à 2.800 m.) quasi-increvable acceptant de très fortes gelées pour notre climat (-25°). Ceci à la condition de protéger la plante des pluies hivernales (ici sous avancée de toit avec substrat drainant).
Été 2016 : prélèvement sur la plante-mère d'un élément entier d'une vingtaine de centimètres coupé en deux éléments, dont une rondelle de deux à trois centimètres d'épaisseur, simplement posée sur du substrat classique cactus après séchage et arrosée avec parcimonie en plein soleil. L'autre partie, comprenant l'apex, a subi le même traitement (pas d'immersion dans le substrat, maintien par baguettes fichées dans le pot).
Rien de notable ne s'est produit pour les deux boutures avant l'année suivante, la rondelle ayant même bruni et séché - mais non pourri.
La plante-mère, âgée d'environ 25 ans (Hr. 40 cm.)
15 Juin 2017 : un signe de vie paraît sur la rondelle, l'attente d'une année entière n'a pas été vaine.
La croissance se poursuit
Et la pousse prend forme
Fin Juillet 2017
Juillet 2019 : deux colonnes
Juin 2020 : trois colonnes (la plus haute a éclaté, ce qui est assez courant lorsque les conditions de croissance sont bonnes).
Aspect de la rondelle de base prélevée en 2016 et racinée, aujourd'hui en 2020. Il n'est pas exclu qu'une quatrième colonne paraisse...
Été 2021 : la plante s'élève à 16 cm. pour cinq colonnes.
L'autre partie de la bouture, élevée en pot et placée en terre en 2019. Hauteur : 18 cm.
Comme dit à la fin de l'article précédent, qui traite du rempotage des sujets sphériques, une technique différente est à appliquer aux cierges (cereus).
Ici un Echinocereus triglochidiatus de 25 centimètres de haut, dont les aiguillons rigides de 5 à 6 centimètres de long interdisent toute préhension directe à la main, même gantée de cuir épais.
La technique généralement employée consiste à envelopper le sujet dépoté dans une grande épaisseur de papier journal. Ici l'intégralité des pages d'une revue de programmes télévision bien connue raccourcie de moitié sur sa hauteur et agrafée, revue qui trouve là un second emploi des plus glorieux. Cette première opération se fait à plat sur une table.
On pourra saisir ensuite le corsetage papier à pleines mains en toute sécurité pour placer le cactus dans le pot, préalablement empli d'une part du substrat.
Préparer quelques baguettes suffisamment longues (au moins 4) en guise de tuteurs. Un cierge ne tient jamais seul debout dans du substrat "frais", et le voir se coucher sur sa main est peu plaisant.
La suite des opérations coule de source, les images parlent suffisamment.
Une fois le remplissage du pot effectué, il est impératif de lier les tuteurs entre eux avec du fil pour réaliser un ensemble stable.
Il va sans dire que ces opérations sont à réaliser avec des gestes mesurés et en prenant tout son temps. Opération achevée, transporter le pot en position parfaitement verticale pour le déposer sur son lieu de présentation. (Croyantes et croyants pourront consulter un prêtre à des fins d'initiation au port du Saint Sacrement).
Pour des sujets plus hauts et plus lourds, il est conseillé d'opérer à deux : le basculement du sujet de l'horizontale à la verticale pour l'introduire dans le pot peut se montrer périlleux.
La table de jardin (réservée ou non au rempotage) est un accessoire conseillé.
RAPPEL : inversement aux végétaux communs, on n'arrose pas un cactus rempoté avant une bonne semaine, voire davantage si le temps est frais. Ne pas donner d'engrais liquide avant 3 semaines.
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Agrafer au plus près sans briser les aiguillons
Placer les tuteurs au plus près du corps du cactus et retirer - délicatement - le corsetage papier en faisant sauter les agrafes (l'instant est décisif, prudence...)
Retrait du corset papier réussi
Ligaturer les tuteurs entre eux (attention aux doigts), et ajouter une couche de gravillon fin (type concassé fin travaux publics), le même qu'on aura placé en couche de drainage au fond du pot.
JCP
Outre sa nécessité, le rempotage* des cactus présente quelques risques pour les sujets développés, et donc volumineux et lourds. La protection par gants de jardin, même épais, est dérisoire face aux aiguillons rigides (on manipule les gros sujets tels que les cierges enveloppés dans un nombre important de feuilles de papier-journal, et non dans des chiffons qui arracheraient les aiguillons en les retirant). Pour les sujets les plus importants, il est souvent nécessaire d'opérer à deux.
* Rempoter chaque année les petits sujets (boutures par exemple), et tous les trois ans les sujets adultes.
Concernant les sujets de taille moyenne, une astuce simple, décrite ici, consiste en l'emploi de deux baguettes et deux bracelets élastiques. Il est ainsi possible d'opérer seul - en toute sécurité et même sans gants.
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REMPOTER SANS RISQUES UN SUJET DE TAILLE MOYENNE
(HORMIS LES CIERGES)
Un sujet de 14 cm. de diamètre hors aiguillons (Echinopsis oxygona à fleurs roses) : il est temps de rempoter !
Briser le pot s'il est en terre : le chevelu adhérant à la terre cuite, le dépotage forcé, très destructeur, peut condamner la plante à court terme.
RAPPEL : inversement aux végétaux communs, on n'arrose pas un cactus rempoté avant une bonne semaine, voire davantage si le temps est frais. Ne pas donner d''engrais liquide avant 3 semaines.
Lessivage partiel des racines au jet.
Placer de la toile moustiquaire au fond du pot pour retenir le substrat
Placer une couche de drainage
Placer une partie du substrat en fonction des racines, qui doivent entrer en contact
Disposer baguettes et bracelets élastiques autour du collet du cactus
Poser le cactus ainsi équipé, baguettes sur le bord du pot
Achever d'emplir le pot de substrat (30 à 50 % de sable grossier type filtre-piscine, le reste mi-terreau de semis mi-terre de jardin, + corne torréfiée).
Repousser le substrat vers le fond du pot avec une baguette, en rajouter, renouveler l'opération si nécessaire.
Équilibrer la plante
Disposer une couche de sable grossier (concassé travaux publics). Cette opération (facultative) facilite l'arrosage et draine le collet de la plante tout en le réchauffant.
NE PAS ARROSER AVANT UNE SEMAINE
Bonne croissance, belles floraisons* !
* Beaucoup de cactus fleurissent plusieurs fois par an, plus de dix fois constatées.
JCP
D'assez belles floraisons malgré une météo peu propice, notamment en Juin, et avec une destruction importante des boutons floraux sur certaines espèces par les gastéropodes, qui comsomment parfois la plante même si elle est insuffisamment protégée par les aiguillons.
Les prises de vue sont présentées dans l'ordre chronologique de mi-Avril à fin Juillet.
Echinocereus roetteri
Ferocactus glaucescens
Lobivia wrightiana
Echinopsis oxygona
Echinopsis subdenudata
Espèce quasi-increvable recommandée aux débutants (aucune perte en plus de 30 ans). Culture facile et floraison du sujet dès ses premières années. Rejets aisément bouturables.
Echinopsis huascha
Supportant des gelées hivernales de l'ordre de - 10° C, cette variété d'Echinopsis très florifère s'avère intéressante en extérieur protégé et bien drainé. Ici exposition Est contre un mur et sous une avancée de toit (30% de sable grossier ajoutés à la terre d'origine).
Astrophytum ornatum
Echinocereus rigidissimus, Echinopsis oxygona, Submatucana madisoniorum
Notocactus leninghausii
Pleinement ouvertes même sans soleil, les floraisons étagées peuvent s'étaler sur plusieurs semaines.
Cette espèce peu exigeante fleurissant assez âgée (> 10 ans environ), se procurer des sujets déjà bien développés. Et rempoter régulièrement dans des pots de bonne taille. Craint le gel. Nombreux rejets bouturables.
Echinocereus rigidissimus
Echinocereus rigidissimus pectinatus v. rubispinus (à G.)
Echinocereus metornii
Trois hybrides d'Echinopsis oxygona
JCP
Mamiliaria matudae
Longtemps demeuré énigmatique à mes yeux, ce cactus acquis en 2016 vient de me livrer son secret, qui en était un pour moi seul.
M'étant obstiné depuis plusieurs saisons à contrer sa tendance à une inclinaison capable de renverser le pot à l'aide d'un laborieux tuteurage, voici que j'apprends qu'il appartient à une espèce rampante - et donc rebelle à l'érection.
Et qu'il ne sert à rien de vouloir à tout prix en faire un Cereus (cierge).
À titre indicatif, ce cactus est de culture facile, sa croissance est rapide, et il accepte de faibles gelées (-4°C) en terrain bien drainé.
Achat : si le nom exact n'est pas spécifié et s'il est jeune, il est quasi-impossible de le différencier visuellement des Mammilliaires demeurant sphériques.
1 - Obstination
2 - Résolution
Attention : la forme hautement suggestive de cette plante impose une culture discrète : on relate des profanations de jardineries, et des autodafés massifs de mamiliaria matudae perpétrés par des membres du mouvement néoféministe-intégriste qui sévit actuellement dans notre pays.
3 - Chez d'autres cultivateurs (instruits de longue date, eux)
Et du rarement vu (l'image parle d'elle-même)
On peut estimer l'âge du sujet au nombre de renflements séparés par un étranglement.
JCP
Il est de plus en plus possible (le réchauffement…) de cultiver des cactus en extérieur dans des régions relativement tempérées.
Des champions du froid, comme certains Opuntias (Figuier de barbarie notamment) et les agaves en général sont universellement connus. Un sol bien drainé et un abri contre les pluies et les vents froids d’hiver, ce qui se résume à les planter contre un mur exposé à l’Est possédant une avancée de toit, leur permet d’encaisser des températures de l’ordre de -15° C s’ils ont les pieds au sec en dehors de la période végétative.
Mais l’amateur de cactus, lui, aimerait ne pas se contenter de ces banalités-là, et verrait bien des espèces plus rares prospérer à même la terre, y croître et y fleurir sans retenue, comme dans leur pays d’origine (enfin, presque), quitte à prendre certains risques, rarement mortels pour le cultivateur.
Excepté les précités, d’autres espèces acceptent, toujours les pieds au sec et à l’abri des vents d’hiver, des températures plus ou moins négatives.
Pour qui possède déjà une collection, il est aisé de pratiquer des essais en sacrifiant d’année en année un nombre croissant de boutures, c’est la méthode pratiquée par l’auteur de ce blog. Qui, libéré des idées reçues, a pu acclimater sans pertes notables quelques sujets - en région toulousaine cependant.
Ce qui n’est guère un exploit, les noms sont connus :
- Certains Trichocereus, comme le Pasacana atacamensis, cuzcoensis, acceptent – 15° C.
- L’Echinocereus triglochidiatus accepterait – 23° C (- 12° C vérifiés).
- L’Echinocereus rigidissimus pectinatus v. rubispinus – 12° C (- 5° C vérifiés).
- Certains Echinopsis survivent à des températures de – 5° C à -10 ° C. Des tests sont en cours, - 5° C étant vérifiés pour ceux déjà plantés.
- Le Ferocactus hamatacanthus SSP accepterait – 12° C (-7° C vérifiés).
- Le Ferocactus glaucescens accepte – 4° C - en pot de surcroît.
- Le Chamaelobivia sylvestris (le commun cactus-cornichon prodigue en boutures) accepte – 5° C vérifiés.
Les images suivantes montrent ces cactus-là et, en sus, deux exemplaires adultes d’Agave Victoria reginae (25 ans, diamètre 60 cm.) peut-être susceptibles de fleurir…
À vos boutures, et à vos risques et périls !
Agaves Victoria reginae adultes (Ø 60 cm)
Un Echinopsis à forte croissance (grandes fleurs rouges)
Images 2020
JCP